SRT : optimiser vos captations, vos régies distantes et votre diffusion vidéo IP
La solution ouverte, robuste et sécurisée pour vos flux vidéo distants
Avec la décentralisation de la production audiovisuelle, plus agile et connectée, la gestion des flux vidéo en IP est devenue un enjeu stratégique. Le protocole SRT s’impose comme une brique essentielle des nouveaux workflows : il assure un transport sécurisé, fiable et adapté à des réseaux non maîtrisés, comme l’Internet public. Ce dossier explore en profondeur ce protocole, ses usages, et surtout comment l’intégrer concrètement dans vos chaînes de production.
Qu’est-ce que SRT ? Petit historique
Développé par Haivision dès 2013, le protocole SRT (Secure Reliable Transport) a été imaginé pour répondre à un besoin urgent des diffuseurs : transporter de la vidéo compressée, en temps réel, sur des réseaux instables et non sécurisés.
Jusqu’alors, les options disponibles (RTMP, MPEG-TS UDP, HLS…) souffraient de limites fortes : latence, pertes, manque de chiffrement, ou besoin de réseaux maîtrisés.
En 2017, Haivision libère le protocole en open-source sous l’impulsion de la SRT Alliance, une organisation désormais composée de plus de 600 entreprises membres, dont des poids lourds comme Sony, AJA, Panasonic, Telestream, Grass Valley, Wowza, Ateme ou AWS.
Depuis, SRT est devenu un standard incontournable pour la contribution distante, avec une dynamique d’adoption comparable à celle de NDI dans le LAN.
Comment ça marche, concrètement ?
SRT repose sur UDP, mais ajoute une surcouche pour gérer la fiabilité, la sécurité et la qualité du transport.
Ses fonctions-clés :
- ARQ (Automatic Repeat Request) : détection et retransmission des paquets perdus.
- Buffer de latence configurable : permet d’absorber la gigue réseau (jusqu’à plusieurs centaines de ms).
- Chiffrement AES 128 ou 256 bits.
- Modes de connexion flexibles :
- Caller (initiateur),
- Listener (récepteur passif),
- Rendezvous (connexion bilatérale sans NAT traversal compliqué).
- Time-stamping et contrôle dynamique de bande passante.
SRT offre ainsi un compromis optimal entre latence faible, sécurité, et résilience, y compris sur des réseaux cellulaires ou Wi-Fi publics.
À quoi sert SRT dans un environnement audiovisuel ?
SRT transporte de la vidéo compressée (H.264, H.265), audio et métadonnées, dans une optique de contribution (vers une régie ou un serveur central). Il est utilisé dans :
- ✅ Remote production / remote contribution
- ✅ Transmission entre un car-régie et un centre de diffusion
- ✅ Envoi vers des CDN ou des plateformes OTT
- ✅ Contribution vers des outils cloud (AWS Elemental, vMix dans Azure, etc.)
- ✅ Échanges inter-sites entre studios distants
- ✅ Transport de signaux dans des environnements broadcast hybrides IP/SDI
Comparatif avec d’autres protocoles
| Protocole | Usage | Latence | Sécurité | Transport compressé | Internet public |
|---|---|---|---|---|---|
| SRT | Contribution distante | ⚡ Faible (100-500ms) | ✅ AES 128/256 | ✅ Oui | ✅ Oui |
| NDI | Vidéo locale LAN | ⚡ Très faible | ❌ Aucune | ❌ RAW / Proxi | 🚫 Non |
| RTMP | Stream vers CDN | 🐢 Moyenne (1-5s) | ❌ Déprécié | ✅ Oui | ✅ Oui |
| RIST | Broadcast distant | ⚡ Faible | ✅ Oui | ✅ | ✅ |
| ST2110 | Studio pro | ⚠️ Très faible | ⚠️ IP segmenté | ❌ Non compressé | 🚫 LAN uniquement |
👉 SRT se positionne donc comme la solution de référence pour transporter des signaux compressés, avec une latence maîtrisée et sans infrastructure lourde.
Et l’audio dans tout ça ? SRT gère bien plus que la vidéo
Trop souvent perçu comme un simple transport de flux vidéo compressé, le protocole SRT permet également de transporter plusieurs canaux audio dans un seul et même flux. Il gère l’audio multipiste de façon native, avec des formats courants comme AAC ou PCM, selon les capacités de l’encodeur.
Dans un contexte de production à distance ou de contribution broadcast, cela permet de :
- Transmettre deux pistes commentateurs bilingues dans un même flux
- Séparer l’ambiance du stade du signal principal pour mixage ultérieur
- Transmettre jusqu’à 8 canaux audio ou plus pour des besoins multilingues, versions internationales ou post-production
- Gérer des signaux audio désentrelacés venant de plusieurs micros ou mélangeurs
En somme, SRT n’est pas seulement un tuyau vidéo : c’est un transport IP complet et intelligent, intégrant audio, vidéo et métadonnées dans un flux unique, fiable et synchronisé.
Comment intégrer SRT dans un workflow de production à distance ?
C’est ici que SRT prend tout son sens. Il permet d’interconnecter des lieux de captation, des régies, des serveurs cloud ou des studios distants, sans infrastructure lourde ni fibre dédiée. Voici trois cas concrets pour mieux comprendre ses atouts opérationnels.
▶️ Scénario A : Équipe mobile vers régie centrale
Dans ce cas de figure, on part d’une captation sur site (match, concert, interview terrain) avec une ou plusieurs caméras. Chaque caméra est reliée à un encodeur SRT matériel ou logiciel (comme un Kiloview, Haivision Air, Teradek Prism ou Magewell UltraEncode). Ces encodeurs peuvent agréger plusieurs connexions (Wi-Fi, Ethernet, 4G/5G) pour renforcer la fiabilité. Le flux est ensuite envoyé via Internet vers une régie de réception équipée d’un logiciel comme vMix, OBS, StreamHub ou SRT Mini Server.
Cette architecture permet à une équipe réduite (voire un seul opérateur) de transmettre un flux professionnel en direct vers une régie centralisée, sans satellite ni fibre optique. C’est aujourd’hui l’une des applications les plus répandues de SRT dans le sport amateur, les collectivités, les médias locaux ou les entreprises qui couvrent des événements internes. Le coût est contenu, la latence reste faible (généralement < 500 ms), et la qualité est largement suffisante pour un rendu broadcast ou OTT.
▶️ Scénario B : Régie déportée dans le cloud
Ici, le flux ne transite pas vers une régie physique mais vers une infrastructure cloud, hébergée sur des plateformes comme AWS, Azure ou Hetzner. Sur le terrain, les caméras ou régies locales envoient leur signal vers le cloud via SRT. Ce flux est reçu dans une machine virtuelle équipée de vMix, OBS Studio ou Wowza Streaming Engine, qui sert de régie centrale dématérialisée.
Cette configuration est idéale pour les productions multi-sites, les formats d’émission en ligne, ou les prestataires qui souhaitent mutualiser leurs ressources et ne pas dépendre d’un lieu physique. Le SRT permet ici de raccorder un tournage à n’importe quelle infrastructure cloud, avec une grande fiabilité. Les économies sont substantielles : pas de déplacement d’équipe, pas de matériel lourd sur site, pas de studio physique à mobiliser. C’est la solution privilégiée pour les webinaires, les conférences internationales, ou les festivals en streaming live avec plusieurs lieux de tournage simultanés.
▶️ Scénario C : Interconnexion de plateaux ou de sites de production
Dans des architectures plus complexes, SRT permet de relier deux studios ou deux plateaux entre eux, voire un car régie et un plateau principal. Chaque site peut agir en tant que caller ou listener, selon les règles NAT et les ouvertures de ports. Le transport bidirectionnel est possible, notamment pour récupérer les retours programme, les oreillettes (IFB), ou un signal de contrôle à distance.
Ce modèle est souvent utilisé par des chaînes de télévision régionales ou nationales pour relier leurs antennes locales à une régie principale, sans fibre dédiée. Cela permet de faire intervenir un invité à distance depuis un plateau secondaire, tout en maintenant un niveau de latence et de qualité quasi-instantané, parfaitement exploitable à l’antenne. Ce scénario devient aussi de plus en plus fréquent dans des productions multicaméras qui mixent du local, du cloud et des sources déportées, dans un environnement entièrement IP.
📶 Quelle bande passante prévoir pour le SRT ? Un équilibre entre débit, latence et qualité
Contrairement aux flux non compressés (comme ST2110) ou aux protocoles de diffusion OTT (HLS, DASH), le SRT repose sur des flux vidéo compressés, généralement en H.264 ou H.265, ce qui permet de maîtriser la bande passante nécessaire. Le débit dépend de trois facteurs principaux : la résolution, la fréquence d’images, et le codec utilisé.
En production à distance, SRT permet donc de transmettre un signal Full HD de qualité broadcast avec 4 à 10 Mb/s de bande passante seulement. Pour des usages plus légers (interviews, caméras fixes), on peut descendre à 2 à 3 Mb/s, notamment en H.265. À l’inverse, un flux 1080p60 de haute qualité ou destiné au re-streaming peut monter jusqu’à 15 Mb/s.
🔢 Comparatif indicatif de bande passante pour SRT :
| Résolution | Codec | Framerate | Bande passante recommandée | Latence SRT typique |
|---|---|---|---|---|
| 720p30 | H.264 | 30 fps | 2 – 4 Mb/s | 120 – 200 ms |
| 1080p30 | H.264 | 30 fps | 4 – 8 Mb/s | 150 – 250 ms |
| 1080p60 | H.264 | 60 fps | 8 – 12 Mb/s | 200 – 400 ms |
| 1080p30 | H.265 | 30 fps | 2,5 – 5 Mb/s | 200 – 300 ms |
| 4Kp30 | H.265 | 30 fps | 15 – 25 Mb/s | 400 – 600 ms |
💡 Conseil : toujours prévoir 20 à 30 % de bande passante en plus pour éviter les pertes en cas de variation réseau. Et ne pas saturer la connexion disponible avec un seul flux.
Cette maîtrise du débit permet à SRT d’être compatible avec la 4G, la 5G, la fibre mutualisée ou le Wi-Fi, tout en maintenant une bonne qualité d’image. C’est l’un de ses grands atouts face à NDI ou ST2110, qui nécessitent des réseaux locaux très robustes, souvent à 1 Gbps ou 10 Gbps selon la charge.
🧰 Checklist technique pour déployer SRT efficacement
📡 Côté encodeur :
- Activer le mode SRT (caller ou listener)
- Définir l’adresse IP de destination et le port (souvent 5000 ou 6000)
- Choisir le bon débit vidéo (CBR ou VBR) selon la bande passante
- Régler le latency buffer (souvent 120 à 200 ms)
- Activer le chiffrement si besoin (clé AES)
🔐 Côté pare-feu :
- Ouvrir le port utilisé par SRT (en UDP)
- Si en listener, rediriger les connexions entrantes vers la machine SRT
💻 Côté réception :
- Utiliser un décodeur matériel (StreamHub, Ateme) ou logiciel (OBS avec plugin SRT, vMix, FFmpeg)
- Vérifier la compatibilité codec (H264/H265)
🔄 Bonus :
- En cas de multiplexage de sources, utiliser un serveur Haivision StreamHub ou SRT Mini Server pour gérer plusieurs flux entrants/sortants.
⚙️ Outils logiciels compatibles avec SRT
- OBS Studio (via plugin SRT)
- vMix (SRT natif en entrée/sortie)
- Wirecast, FFmpeg, VLC
- Wowza Streaming Engine
- Haivision StreamHub
- SRT Mini Server
- Ateme TitanLive ou Magewell UltraEncode
💼 Cas d’usage réels dans le broadcast
- 🏉 Régies mobiles en sport local : captation en 4G avec routeurs Bonding → encodeurs SRT vers studio central
- 🎤 Talks ou webinaires en multicaméras : mini-studio distant → régie cloud SRT → diffusion multiplateforme
- 📺 Télévision régionale : plateaux secondaires reliés en SRT à la régie principale
🔮 Et demain ? Le rôle de SRT dans les chaînes IP-first
SRT est en train de devenir la colonne vertébrale des flux IP compressés, à la fois dans les workflows broadcast et corporate. Il s’intègre aux architectures :
- NDI vers SRT (via convertisseurs)
- SRT vers HLS/DASH (transcodage pour OTT)
- SRT vers cloud pour scalabilité
- SRT + RIST dans des workflows sécurisés haute qualité
Il est probable que SRT devienne l’équivalent IP de la SDI pour les flux compressés, en coexistence avec ST2110 pour les flux bruts.
📎 Conclusion
Le SRT n’est pas juste un protocole “technique” de plus. Il est le lien manquant entre la flexibilité de l’IP, la réalité des réseaux instables, et l’exigence qualité du monde broadcast.
Il permet à des structures de toutes tailles – de la WebTV à la chaîne nationale – de mettre en place des architectures robustes, mobiles, cloud-compatibles et rentables. L’adoption de SRT, bien pensée et bien intégrée, ouvre la voie à une production vidéo réellement agile et évolutive.
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📦 Quels équipements sont compatibles avec SRT ?
Caméras, encodeurs, décodeurs, convertisseurs : tour d’horizon
Le protocole SRT a été largement adopté par les fabricants d’équipements professionnels. On le retrouve désormais dans des caméras tout-en-un, des encodeurs mobiles, des convertisseurs IP/SDI, ainsi que dans des unités de réception broadcast.
Voici une sélection des marques et modèles les plus utilisés :
🎥 Caméras avec sortie SRT intégrée
| Marque | Modèle(s) | Remarques |
|---|---|---|
| JVC | GY-HC500, GY-HC550, GY-HC900 | SRT natif, très utilisées en reportage |
| Panasonic | AG-CX350, AJ-CX4000 | SRT en H.264 intégré, compatibles cloud |
| Sony | BRC-X400, ILME-FR7 | Compatible SRT via firmware ou module optionnel |
| BirdDog | P200, P400, P4K | Caméras PTZ avec sortie NDI + SRT |
| AVer | PTZ330UNV | Caméra PTZ IP avec SRT et NDI HX3 |
| Kiloview | CUBE X1 (caméra + encodeur intégré) | Caméra ultra-compacte orientée IP-first |
| Mevo | Mevo Start | Compatible SRT via app mobile avancée (beta/profil tech) |
🔁 Encodeurs / Convertisseurs SRT (SDI/HDMI vers IP)
| Marque | Modèle(s) | Entrées | Codec | Remarques |
|---|---|---|---|---|
| Kiloview | E1, E2, E3, P1, P2 | SDI / HDMI | H.264/H.265 | Encodeurs robustes, SRT fiable |
| Haivision | Makito X, Haivision Air | SDI / HDMI | H.264 / HEVC | Référence broadcast, haute qualité |
| Magewell | Ultra Encode AIO / SDI / HDMI | SDI / HDMI | H.264 / H.265 | Faible latence, compatibilité NDI/SRT |
| Teradek | Prism / Cube 755 | HDMI / SDI | HEVC / H.264 | Versions mobiles ou rackables |
| YoloLiv | YoloBox Pro, Instream | HDMI | H.264 | SRT intégré + streaming multi-plateformes |
| LiveU | LU300S, LU800 | Multi SIM / SDI | HEVC | Bonding + SRT natif (optionnel selon modèles) |
| AVMatrix | HEVC encoders | HDMI / SDI | H.264 / HEVC | Compatible NDI |
📥 Décodeurs ou serveurs de réception SRT
| Marque | Modèle(s) | Type | Remarques |
|---|---|---|---|
| Haivision | StreamHub | Serveur logiciel ou hardware | Centralise tous les flux entrants SRT |
| SRT Mini Server | (by WMIX) | Logiciel Windows | Très populaire en production événementielle |
| Kiloview | D300, D350 | Décodeurs HDMI / SDI | Pratique en régie ou projection |
| Magewell | Pro Convert Decoder | HDMI | Décodage matériel simple, efficace |
| Teradek | Prism decoder | SDI | Intégration broadcast avancée |
| OBS Studio / vMix | Logiciels | Réception logicielle | Idéal en régie cloud ou PC studio |
🧩 Solutions hybrides encodeur + bonding + SRT
Certaines marques proposent des solutions tout-en-un combinant encodeur, agrégation 4G/5G et SRT :
- LiveU LU300S / LU800 : encodeur + bonding + SRT
- Haivision Air320 : 5G + Wi-Fi + SRT dans un seul boîtier
- TVU One : contribution mobile avec transport SRT, H.265, IFB
💡 Conseil d’intégrateur : privilégier les équipements permettant à la fois SRT, NDI|HX et RTMP, pour bâtir des workflows souples, hybrides, et interopérables.
